[COMMUNIQUE DE PRESSE] Sécheresse en Limousin : urgence d’une gestion adaptée de la ressource en eau
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Communiqué de presse
Eelv Limousin
14 septembre 2022

Sur les antennes de France Bleu et France 3 Limousin, le président de la chambre d’agriculture de la Haute-Vienne a qualifié, ce mercredi, les écologistes de « terroristes ».

Nous aimerions que le débat nécessaire ne se limite pas à des invectives grossières qui ne grandissent pas ceux qui les profèrent. Sur le fond, nous rappelons également à M. Venteau que les écologistes ne sont évidemment ni contre l’agriculture, ni contre les agriculteurs, dont beaucoup nous soutiennent. Le mouvement écologiste pointe en revanche depuis des décennies certaines pratiques qui nuisent à la santé des agriculteurs eux-mêmes, des habitants des campagnes et des consommateurs, qui épuisent les ressources des sols et en eaux, qui contribuent au dérèglement climatique et qui ne permettent pas d’envisager l’avenir que les rapports du GIEC anticipent depuis si longtemps.

Monsieur Venteau prétend avoir une vision à 30 ans d’un développement qui nous permettra de passer le cap hydrique pour ce département aussi bien au niveau agricole qu’au niveau économique et pour les habitants du territoire. Sa solution, la création de réserves d’eau ainsi que des aides financières.

Le développement des retenues d’eau s’est fait sur certains territoires français dans les années 1970-1980 avec des conséquences observées sur les débits. C’est très impactant en automne et en hiver car les premières crues sont complètement captées par ces retenues. C’est dommageable, car après la période estivale sèche il y a besoin d’eau, notamment pour nettoyer le lit de la rivière et pour les poissons. Il y a maintenant l’obligation d’un « débit minimal réservé » correspondant à 10 % débit… Le stockage d’eau a fait preuve d’efficacité en irrigation mais il a des impacts sur l’environnement : Diminution et perturbation des écoulements, pertes liées à l’évaporation (plus de 10%), modifications de la qualité de l’eau avec des développements de cyanobactéries, d’algues,… On le voit très bien en Limousin qui est constellé d’étangs dont une partie ne respecte pas les réglementations, or nous sommes en amont du bassin de la Loire.

Ces retenues pourraient apporter une forme de sécurité, mais les volumes évaporés aujourd’hui ne seront pas les mêmes dans 20 ans, puisque non seulement le climat se réchauffe, mais l’air tend également à devenir de plus en plus sec en valeur relative. Dans cinq, vingt ou trente ans (lire les prévisions du GIEC), il suffira d’avoir deux ou trois années sèches, en particulier en hiver, et il ne sera plus possible de remplir ces retenues, les cours d’eaux et les faibles nappes du Limousin seront asséchés. On aura investi beaucoup d’argent et impacté l’environnement pour un résultat au final très médiocre.

Tous les spécialistes le disent, il s’agit de combiner un ensemble de solutions. On ne fait pas des stockages d’eaux sans changement des pratiques agricoles :

  • Produire de nouvelles cultures demandant moins d’eaux (exemple Sorgho, plus sobre en eau que le maïs,..), et pratiques culturales (agroécologie, diversité des cultures, changement assolement, micro-irrigation ..)
  • Travailler le sol dans le contexte actuel de réduction des intrants en agriculture
  • Constituer des réserves d’eaux de pluie (eaux de surface) en période pluvieuse. Des stockages adaptées aux territoires (et pas par pompage dans les nappes) et respectant l’environnemen
  • Recycler les eaux usées issues des stations d’épuration (mais attention aux problèmes sanitaires)
  • Restaurer les haies, les tourbières et les zones humides
  • Diminuer la production de viande.

Rappelons la position de la Confédération paysanne qui n’est pas un repère de terroristes (extraits): Il faut garantir le respect du cycle de l’eau et sa préservation sans quoi la question de sa disponibilité est de fait remise en cause. L’agriculture doit s’adapter aux ressources mobilisables et non pas l’inverse. Les projets de construction de réserves d’eau ne doivent pas perturber l’équilibre du milieu naturel.